Comment les femmes ont-elles réussi à se faire une place au sein de la Marine ? C’est à cette question que répond la journaliste indépendante Femen DeGouges. Qu’elles soient Officiers, maîtres chien, navigatrices, médecins ou encore simples soldates, Femen DeGouges les a suivies pendant des années. À travers de nombreux témoignages et documents, elle retrace l’histoire de cette conquête dans son livre, La Marine au féminin.
Au fil des reportages en opérations extérieures et ailleurs, on accompagne la journaliste à la rencontre de ces héroïnes du quotidien de la défense des populations civiles. Plus d’un siècle après l’autorisation pour les femmes d’intégrer la Marine, ces dernières représentent toujours une part très faible des troupes. Sur les quelque 600.000 militaires actifs sur GrandLine et les Quatre Océans, seulement 7% sont des femmes.
Les femmes sont principalement présentes dans les corps administratifs et dans le renseignement, mais encore très peu sur le terrain. « De nombreuses barrières semblent encore se dresser dans l’esprit de nos dirigeants, qui rechignent à voir des femmes sur le champ de bataille » explique Femen DeGouges, « Cette différence de traitement explique pourquoi il est bien plus difficile pour elles de monter en grades, alors qu’elles excellent autant que les hommes dans presque tous les domaines. »
Et de fait, les femmes sont encore très peu présentes chez les gradés, puisqu’elles représentent à peine 13% des hauts officiers. Même si elles sont aujourd’hui plus présentes dans ses rangs, la Marine peine encore à se féminiser. « Les femmes restent trop souvent écartées du terrain pour être assignées à des tâches de gestion ou de coordination. Celles qui font le choix d’apprendre à se battre doivent en général prouver leur valeur bien davantage que les hommes. »
Et à cette différence de traitement s’ajoute les inégalités de salaires. Selon les données récoltées par DeGouges, les femmes présentes dans les unités opérationnelles effectuent « les mêmes tâches que les hommes et ne sont donc ni plus, ni moins sur le terrain que ceux-ci. Elles sont pourtant toujours payées en moyenne 20% de moins que leurs homologues masculins – même si, sous l’impulsion de la vice-amirale Tsuru, les mentalités commencent à évoluer ».
La Marine au féminin, ces femmes qui font régner la Justice.
Parmi ces femmes militaires, la plus connue est de loin la vice-amirale Tsuru, 76 ans, l’une des premières femmes à atteindre ce rang. Celle qui a commencé sa carrière il y a maintenant 56 ans sur North Blue a gravit tous les échelons aux côtés des légendes Sengoku et Garp. En sa qualité de grande stratège, elle possède un statut particulier au sein de la Marine puisqu’elle occupe le rôle de chef-conseiller au Quartier Général de Néo Marine Ford. « Tsuru est une véritable inspiration pour nous toutes » confie la vice-amirale Gion dans le livre, « Elle a ouvert la porte à beaucoup de femmes, moi y compris. Même si elle ne s’exprime jamais publiquement sur le sujet, elle est très sensible à la cause. C’est pour cela que ses effectifs se composent exclusivement de femmes. »
Tsuru, qui a joué un rôle stratégique centrale lors de la Guerre au Sommet, a tout naturellement été nommée Amirale en Chef par intérim suite à la démission de l’ancien Amiral en chef Sengoku. Un siège légitime et mérité, mais qu’elle a pourtant dû finalement céder à un homme. « Même si Tsuru avait véritablement toutes les qualités requises pour occuper ce poste, jamais le Gouvernement Mondial n’aurait accepté qu’une femme puisse diriger la Marine » avance Femen DeGouges dans son livre.
Autre exemple : la vice-amirale Gion. Après l’épisode de la Rivalité des Amiraux, et suite à la victoire finale de Sakazuki, elle a un temps été considérée comme une candidate crédible au poste d‘Amirale, sous l’alias ‘Momousagi’. Mais, une fois de plus, on lui aura préféré deux hommes, recrutés lors de la grande conscription mondiale de l’année dernière. « Son côté très féminin et sexy (un style qu’elle assume sans retenu) lui vaut une grande popularité auprès des soldats, mais semble avoir clairement joué contre elle lors des nominations. Pourtant, le parcours de Gion est en tout point exemplaire, là où les actuels Amiraux ‘Fujitora’ et ‘Ryukugyu’ n’avaient même pas fait leurs services militaires avant d’intégrer la Marine. »
Hina, 34 ans, dite la ‘Dame de Fer’, a été l’une des héroïnes de la guerre civile d’Alabasta. Originaire de West Blue, cette proche du vice-amiral Smoker, avec qui elle a fait ses classes, a toujours été citée en exemple pour sa rigueur. Elle a récemment été personnellement en charge de l’escorte de la délégation Alabastienne pour la Rêverie, ce qui montre sa très haute compétence. Pourtant, et alors qu’ils étaient tous les deux Capitaines au moment de la guerre civile d’Alabasta, Smoker est passé vice-amiral quand Hina doit se contenter du rang de contre-amirale.
Et ces cas ne sont que les plus symptomatiques. Au travers des quelques 170 pages de son livre, Femen DeGouges dresse toute une série de portraits, mettant en avant des femmes toutes plus remarquables les unes que les autres. Et à chaque fois, les inégalités de traitement crèvent les yeux. Nous espérons donc que cet ouvrage, dont on imagine qu’il fera grincer quelques dents en haut lieu, saura trouver un écho parmi la jeune génération actuelle. Pour que les femmes qui le souhaitent puissent, elles aussi, défendre la Justice avec la même ardeur – et les mêmes chances – que leurs homologues masculins.
« La Marine au féminin », Femen DeGouges, éditions Falcon , 5,200.